La préférence

Non je ne vais pas fredonner du Julien Clerc en revenant ici ni vu ni connu après 6 mois d’absence. Je vais évoquer ici un sentiment un peu honteux, qu’on ose rarement avouer car ça serait bien maladroit de se plaindre de ce qu’on a alors que d’autres n’ont pas cette chance.

J’ai eu beaucoup d’angoisses, fondées et idiotes, quand j’étais enceinte de Bébé M. L’une d’elles était particulièrement grotesque. A chaque échographie je scrutais tous les contours de mon bouchon, pour m’assurer qu’il allait bien évidement, mais aussi pour vérifier s’il était toujours bien IL. Masculin.

Parce que j’avais l’envie de rétablir un semblant de parité dans ma famille composée en majorité de femmes ? Pour “offrir” un petit-fils, héritier mâle tant attendu, à mon père ? Pour éviter les comparaisons avec les filles de ma sœur ? Par peur de revivre mon adolescence à travers cet enfant qui pouvait être Elle ?

Je ne me l’explique pas vraiment. Comme un sentiment dépassant la raison, à la fois envie et peur. Ce qui est certain c’est que j’ai ressenti un soulagement non dissimulé en apprenant que le bébé qui grandissait en moi était un garçon. J’ai pris un plaisir énorme à révéler son secret à la famille, aux amis, aux collègues (oui j’ai fait un gender reveal cake) et je me dis que si j’avais eu à offrir des pelotes de laine rose à ma mère et non des bleues (#cliché) pour qu’elle tricote une brassière, ça n’aurait peut-être pas été si plaisant.

En début de grossesse, par peur de rejeter un bébé qui n’aurait pas été conforme à mes espérances futiles, j’avais envisagé de ne pas savoir son sexe, de garder la surprise jusqu’à la naissance. Je me disais qu’ainsi, une fois tout contre moi, je me ficherais éperdument de devenir la maman d’un garçon ou d’une fille, qu’après des heures de travail tout cela n’aurait plus aucune importance. La tentation a été trop forte, et les arguments contraires me poussant à me préparer à cette éventualité au plus tôt, nous avons fait le choix de connaitre le secret de Bébé M, ma préférence a été exaucée.

images

Cette fois les choses sont différentes. Oui cette fois. Enceinte de 7 mois aujourd’hui, le bébé qui gigote en moi garde encore tous ses mystères. Non pas que la préférence, que j’ai appris à déculpabiliser, ne soit plus là, mais j’aborde les choses différemment en ignorant son genre. L’envie de savoir le dispute à l’envie de le/la rencontrer tout simplement. Et ma préférence est légèrement plus rationnelle maintenant, je sais pourquoi j’aimerais mieux un deuxième garçon. Ni pour ma famille, ni pour mon père, ni même pour offrir un partenaire de jeu à mon fils (j’espère bien qu’il jouera autant avec sa sœur s’il en a une). Cette fois c’est tout simplement parce que cela me rassure, c’est une situation que je connais. Moi, si peu féminine je m’évite la peur de devenir un mauvais modèle pour qu’une fille puisse construire son identité et sa féminité, la peur de ne pas savoir faire, surtout une fois l’enfant grande.

Alors quand on me dit “j’espère que vous aurez la fille cette fois !”, le fameux choix du roi, je repense à ma petite préférence qui va à l’encontre des souhaits de mon entourage et je me dis que quoi qu’il arrive j’aurais des doutes, des craintes, la peur de mal faire. Pas parce que ce bébé sera un garçon ou une fille, mais parce qu’il sera différent tout simplement et qu’une nouvelle fois nous allons devoir apprendre à être parent. Comme un recommencement…

8 réflexions sur “La préférence

  1. mamanluju dit :

    Quelle joie de te lire à nouveau !

    Moi c’était l’inverse : j’ai toujours eu envie d’une fille. Peut-être parce que j’avais peur de ne pas savoir faire avec un garçon et de partager moins de choses avec lui… sûrement aussi parce que je suis très proche de ma mère alors que sa relation avec mes frères est plus compliquée…

    Quand on a su que Lucas était un garçon, j’ai ressenti une pointe de déception, mais c’était mon premier et j’étais tellement heureuse de devenir maman que c’est vite passé. Mais pour Julia, j’étais très angoissée à l’écho car je savais que j’aurais du mal à accepter que ce soit un 2e garçon et l’idée de ne jamais avoir de fille.

    Finalement, je partage énormément de choses avec mon fils comme avec ma fille mais je me retrouve bien plus chez Lucas, notamment dans son caractère et ses centres d’intérêt (même s’ils sont encore petits et que tout cela va évoluer).

    Bref, on est d’accord que l’essentiel est d’avoir un enfant en bonne santé mais je pense que c’est naturel d’avoir une préférence et qu’il n’y a aucune honte à ça : ce n’est pas parce qu’on voulait une fille qu’on n’aimera pas un garçon tout autant et inversement !

    Bonne journée

    Laurène

    Aimé par 1 personne

    • happysunnybabies dit :

      Oui c’est avant tout une histoire de caractères, le feeling ça ne se commande pas. Mais j’avoue que j’ai du mal à imaginer pouvoir être plus proche d’un autre enfant que de mon fils, autant oui mais plus ? L’histoire le dira 😊

      J’aime

  2. Charlotte - Enfance Joyeuse dit :

    C’est super de te revoir par ici !
    C’est un très joli billet tout en sincérité. Comme tu le dis, le sexe de ce bébé 2 ne changera rien au fait que vous allez devoir tout « apprendre » à nouveau. Car ce bébé sera unique et votre relation aussi.
    Dans tous les cas, je pense qu’il est tout à fait humain que d’avoir des projections et une attirance pour tel ou tel sexe. Ca ne veut pas dire que l’amour pour ce bébé sera altéré… 🙂
    Je te souhaite plein de belles choses pour la fin de la grossesse ❤

    Aimé par 1 personne

  3. lafamilydemary dit :

    De mon côté mon père avait tellement envie d’avoir un petit fils (je suis fille unique) qu’il nous en a persuadé et j’étais presque déçue que notre bébé soit 1 fille. Mais j’étais au fond tellement heureuse car je m’étais toujours projetée en étant maman d’une petite fille. J’en ai d’ailleurs parlé dans 1 article a propos du choix du prénom. Lol
    Aujourd’hui nous envisageons d’avoir un 2e enfant, et papa comme moi serions très ravis d’avoir une 2e petite fille. Lui ne se sent aucunement frustré s’il n’avait pas de garçon avec qui il aurait pu partager des choses. Elle est encore petite donc difficile de savoir car elle aime partager des petites choses avec son papa mais je crois que lui est fière de « SA FILLE « .
    Et moi c’est vrai je sais déjà faire avec 1 fille. ..

    Nous verrons bien mais au final peut importe le sexe, passée la « petite » déception, nous les aimons/aimerons.

    Ravie de te relire.
    Je n’ai pas encore repris le chemin du blog pour ma part mais tant pis

    Aimé par 1 personne

    • happysunnybabies dit :

      C’est rassurant deux fois le même sexe je trouve, même si bien sûr les enfants seront forcément différents, on a l’impression de moins sauter dans l’inconnu. Mais je suis d’accord, dans tous les cas si déception il y’a ça ne durera pas 😉
      Je te souhaite que ça marche vite pour ce deuxième bébé alors 😘

      J’aime

  4. Dinde De Toi dit :

    Félicitations pour cette deuxième grossesse 🎉🎉🎉 ! J’espère que tout se passe pour le mieux et je t’imagine comme une vraie déesse de la fertilité avec ton ventre de 7 mois 😀.

    Je ne suis pas du tout féminine, mais vraiment PAS DU TOUT (jogging tee shirt baskets c’est moi 🤣) et pourtant je voulais une fille, que j’ai eu.

    Si nous avons un deuxième je n’ai pas de préférence en particulier 😉.

    Contente de te voir de retour parmi nous !!

    Aimé par 1 personne

    • happysunnybabies dit :

      Merci 😚 Oh oui tu n’imagine pas à quel point je suis au top, la féminité féconde incarnée, tout ça en legging et sweat-shirt déformé 😂 Ma palette de maquillage m’a pas vu depuis 8 mois, au top j’te dis 😂

      J’aime

Laisser un commentaire